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LES ARTISTES TRAVAILLENT COMME PUBLICITAIRES

Nombreux sont les artistes à avoir travaillé pour la publicité. Au cours du XIXème siècle, la publicité a rapidement compris que l’œil aiguisé de l’artiste pouvait avoir un intérêt : celui de comprendre le monde dans lequel les personnes, donc les consommateurs, vivaient. Il s’agit également de rendre visible l’invisible, de dire l’indicible, quitte à bousculer les codes établis.

Le lien étroit entre art et publicité date des années 1890, à l’heure de l’industrialisation, durant laquelle Paris se couvre d’affiches. La loi de juillet 1881 a instauré la liberté d’affichage. Les rues se tapissent d’impressions publicitaires signées comme des Å“uvres d’art par des peintres académiques et symbolistes, des illustrateurs et des humoristes. Panneaux, colonnes, murs entiers… aucune palissade, aucun pan de mur, pas même celui d’un lieu sacré n’est épargné par la frénésie du collage. Le développement de ce phénomène au cours du XIXe siècle modifie considérablement le paysage urbain. L’image prévaut sur le texte. Les affiches sont éphémères et sont vite recouvertes par d’autres. Malgré cela, beaucoup d’affiches publicitaires de l’époque ont été conservées grâce à de nombreux collectionneurs, pris de passion pour ces images colorées, et signées par des artistes de génie. Les affiches sont alors tant admirées que les passants les détachent et les collectionnent : c’est l’affichomanie, terme né en 1891. Certains artistes, illustrateurs-vedettes de l’époque ont marqué l’histoire de la publicité, comme Alfons Mucha ou Jules Chéret pour n’en citer que deux. Les créations artistiques de nombreux peintres ont brillées par leurs évidentes qualités esthétiques mais ce n’est rien en comparaison avec l’inventivité prodigieuse du grand Henri de Toulouse-Lautrec, célèbre entre autre pour ses affiches pour le Moulin Rouge. (1) Le Joyeux moulin Rouge, Toulouse-Lautrec, BNF Gallica.fr Le propriétaire du lieu lui confie en 1891 la promotion de son établissement. Il retranscrit avec génie l’agitation du cabaret, et son travail se marie de façon sobre et percutante avec la typographie. C’est une véritable leçon à la fois pour les publicitaires et pour les artistes.

 

Si l’affiche est le plus souvent utilisée à des fins économiques, elle l’est aussi dans d’autres domaines. Elle a notamment servit de propagande durant la première guerre mondiale par exemple. On peut citer l’affiche Pour la France, versez votre or… dessinée par Abel Faivre en 1915.

(2) L'agence photo RMN.fr On y voit un soldat allemand terrassé par une pièce d’or ornée du coq français. Les stéréotypes permettent de lire d’un seul coup d’œil le message visuel. 

 

Plus tard, dans le Paris du début du XXe siècle, l’artiste Sonia Delaunay réalise de nombreuses affiches publicitaires, comme celle pour la marque de papier à cigarette Zig-Zag. (3)  Affiche publicitaire Zig Zag, Sonia Delaunay, centrepompidou.fr

 

« La publicité et les arts appliqués tuent l’art pur »

René Magritte

 

Certains artistes travaillent comme publicitaires pour compléter leurs revenus. Parfois contre leur gré, c’est le cas du célèbre surréaliste belge, René Magritte, dont l’œuvre a paradoxalement inspiré de nombreux publicitaires. Son célèbre Oiseau du ciel lui est commandé par la compagnie aérienne Sabena et devient le logotype de la marque entre 1966 et 1973. (4) Oiseau du Ciel pour Sabena, Magritte, intermède.fr

Le peintre Salvator Dali aime travailler comme publicitaire, en plus d’être un grand artiste, il a un sens aigu du commerce. Il déclare sans complexe :

 

« Je suis un artiste et j’adore faire de la réclame, dès lors que vous me payez, je fais tout ce que vous voulez Â» 

Salvator Dali

 

Cet amour pour l’argent lui vaudra d’ailleurs le surnom d’Avida Dollars, anagramme de Salvator Dali trouvé par l’écrivain André Breton. Mais le succès d’une affiche publicitaire n’a pas de prix. Certains publicitaires s’offrent les services de très grands peintres. Salvador Dali est chargé de rafraîchir le logo de la marque Chupa Chups en 1969. (5) Logo Chupa-Chups, Salvator Dali, chupachups.fr

 

Avant l’apogée de sa célébrité, et son sacre de « roi du Pop Art Â», Andy Warhol a lui aussi connu une carrière de publicitaire. Il est fasciné par les médias, exalte la publicité et participe même à sa prolifération. Il a travaillé entre autres pour Apple et pour Perrier.

Un secteur s’est particulièrement nourri de l’art-keting : l’univers du luxe. Le rapprochement entre les marques de luxe et l’art s’est accéléré au cours de ces dernières années, comme en témoigne la récente ouverture de la fondation Louis Vuitton, à Paris, et la prochaine exposition de la marque qui se tiendra au Grand Palais, à Paris, fin 2016. (5) affiche exposition Louis Vuitton, grandpalais.fr  Ce lien peut se concrétiser sous diverses formes telles que le mécénat, le sponsoring, les événements culturels, la reprise d’œuvres artistiques ou encore l’association avec des artistes. Les marques multiplient les collaborations avec des artistes en créant des lignes ou des produits signés par ces derniers. De la Xsara Picasso au design des sièges TGV signé Christian Lacroix, en passant par l’habillage des bouteilles Coca-Cola par Karl Lagerfeld (6) bouteille Coca-Cola, Karl Lagerfeld, cosmopolitan.fr ou Marc Jacobs, (7) bouteille Coca-Cola, Marc Jacobs, cocacolaweb.fr la présence de l’art-keting ne cesse de se révéler, et permet aux marques de luxe de justifier des prix exorbitants.

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